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Protéger ses chansons

Protéger ses chansons, on n’y pense pas, et pourtant !
Ça y est ! Votre chanson est prête ! Paroles, musique, arrangement, tout est là ! Vous avez même commencé à la chanter en public. Seulement voilà : une inquiétude vous gagne : et si quelqu’un vous volait votre œuvre ?

Tout ce travail perdu ? Vous y pensez tellement que vous hésitez même à diffuser votre propre chanson. Et vous vous dites que là, c’est le monde à l’envers !
Car l’idée est bien de faire connaître votre travail. Alors comment faire ? Rassurez-vous : les solutions sont simples et parfois même gratuites !

Les solutions gratuites

Une fois n’est pas coutume, on va commencer par le meilleur : certaines solutions sont gratuites et très simples à mettre en œuvre. Voici les deux principales.

Protéger vos chansons par R.A.R.

Il s’agit de la méthode de protection la plus ancienne pour protéger vos chansons, et elle fonctionne toujours ! Cela consiste à vous envoyer à vous-même votre œuvre sur le support de votre choix (texte, papier, partition, ou enregistrement CD ou USB), par courrier Recommandé avec Accusé de Réception. Lorsque vous recevez votre propre courrier, surtout ne l’ouvrez pas, mais gardez-le précieusement en lieu sûr. L’enveloppe vous servira de preuve d’antériorité de votre création en cas de plagiat.

Vous pouvez même le faire de façon numérique, en expédiant directement des fichiers audio. Ça se passe ici, et c’est protégé pendant 15 ans !

Protéger vos chansons à la B.N.F.

La B.N.F., ce n’est pas une banque ! C’est la Bibliothèque Nationale de France !
C’est la seule solution 100 % gratuite pour protéger vos chansons, puisqu’elle ne nécessite même pas d’affranchir votre envoi. Il s’agit de faire enregistrer le dépôt légal de votre œuvre à la Bibliothèque nationale de France. Pour cela, vous devez déposer à la poste en double exemplaire votre œuvre sur CD, fichier audio ou partition accompagné du formulaire de la BNF. Vous trouverez ici le formulaire.

Dès cet instant, votre œuvre est accessible au public tout en étant protégée. La seule difficulté sera parfois de devoir expliquer à l’employé de la poste (qui ne connaît la plupart du temps pas cette démarche), pourquoi vous n’avez pas affranchi l’envoi.

Les solutions à oublier

On a vu le meilleur, voyons maintenant le pire : ce sont des solutions connues, qui fonctionnent, mais qui ont selon moi des défauts rédhibitoires.

Protéger ses chansons avec l’enveloppe soleau

Une « enveloppe soleau », c’est un emballage d’expédition qui vous permet de déposer votre œuvre à l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle). Le principe est le même que le recommandé avec accusé de réception, mais cette fois-ci, la démarche est officielle, et la date du dépôt fait foi devant les tribunaux. L’enveloppe coûte 15 €.
Le problème, c’est que la protection n’est valable que cinq ans, et qu’on ne peut y déposer que du papier !

Quand on sait que des œuvres sont parfois piratées des décennies après leur création, cela relativise l’efficacité de cette méthode. A noter, il existe désormais un service soleau qui permet de faire le dépôt de manière numérique pour 15 € les 10 MO. Cela peut rester intéressant pour ceux qui ont un grand volume d’œuvres à déposer.

Le dépôt numérique en ligne

Il existe sur le Net d’autres portails qui proposent le même type de dépôt numérique : entre 10 € et 30 € pour protéger vos chansons. Je vous les déconseille en raison du caractère non officiel de ce dépôt, qui nécessitera de toute façon l’intervention d’un huissier en cas de litige.

L’huissier de justice pour protéger vos chansons ?!?

Revenez ! L’huissier de justice n’est pas seulement cet être malfaisant qui vient saisir votre guitare préférée sous prétexte que vous n’avez toujours pas réglé les traites de votre nouveau synthétiseur ! Il peut aussi être la personne qui va authentifier la date de dépôt de votre chanson sur un acte authentique, revêtu du sceau de l’État. Le seul problème, c’est que cela va vous coûter un bras et qu’il n’est pas exclu que vous voyiez revenir ce même huissier pour vous réclamer de payer les droits de dépôt !

Protéger vos chansons : copyright en ligne

Plusieurs sites permettent de déposer de façon numérique vos œuvres et de les horodater. C’est une solution extrêmement simple qui ne coûte que 10 à 20 € par dépôt et qui inclut parfois une assistance juridique. Le problème, c’est que si elles constituent effectivement une aide en cas de plagiat, ces solutions, par leur côté non officiel, ont moins de poids juridique que celles présentées ci-dessus. Par ailleurs, on ne sait pas ce qu’il advient si la société venait à disparaître. À oublier donc.

La protection pour les geeks : la blockchain

La blockchain, kesako ? Cette question résume à elle seule tout le problème ! La blockchain relève de la même technologie que celle qui gère le Bitcoin. Et elle a de nombreux avantages : vous restez seul dépositaire de votre œuvre, tout est horodaté, puis protégé, sans avoir à payer de nouveau. Même une œuvre incomplète peut être protégée ! Tous les échanges concernant une œuvre en cours sont tracés, et vous obtenez en prime un certificat de dépôt téléchargeable avec numéro d’enregistrement !

Oui mais : le problème, c’est qu’on manque de recul sur cette technologie récente, qui reste encore peu développée en France, même si elle a fait ses preuves en Chine.
Wait and see…

Ce que vous faites déjà sans le savoir

Et oui ! Tout comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, vous protégez déjà vos chansons !
Du moins si vous les avez partagées sur le Net ! Et oui ! Car la diffusion dont vous vous méfiez le plus est sans doute celle qui vous protège le mieux !
Vos chansons publiées sur Deezer, YouTube, et autres plateformes vous permettent de prouver l’antériorité de votre propriété. Et vous pouvez faire valoir cet argument devant les tribunaux en cas de litige.

Le seul problème, et il est de taille, c’est que vous n’êtes pas propriétaire du site. Ainsi si votre compte YouTube est fermé (et ça arrive !), vous avez tout perdu ! C’est donc une protection très relative même si elle est bien réelle.

Les fausses bonnes idées

Deux organismes vous proposent des protections sensiblement analogues à celles de la Sacem, à quelques détails près :
Ils ne rémunèrent pas leurs sociétaires.
Ils sont moins connus et donc moins identifiables.
Ils coûtent souvent plus cher au final.

Protéger ses chanson avec le SNAC

Mauvaise nouvelle : non, le SNAC, ce n’est pas le resto du cœur des musiciens qui crèvent la dalle (quand d’autres explosent le plafond).
Le SNAC, c’est le Syndicat National des Auteurs et Compositeurs.
Il fonctionne exactement comme la Sacem. Le seul problème est que chaque dépôt coûte 37 € et n’est protégé que pour cinq ans. À oublier donc.

Protéger ses chansons sur les autres plateformes

Il existe d’autres supports plus ou moins performants qui vont vous proposer de protéger votre œuvre. La plupart sont peu connues et ne font pas vraiment référence.
Citons en deux à titre d’exemple : Ipocamp, qui offre une bonne protection mais ne fournit pas publiquement ses tarifs, ou EasyZic qui offre une protection gratuite, mais qui exige que vous soyez membre (donc susceptible d’être banni).
Tous ces systèmes ne sont pas suffisamment fiables ni universels pour être retenus.

Le Graal : la Sacem

La Sacem, tout le monde connait ! Oui mais voilà : c’est compliqué et c’est cher !

Eh bien pas du tout ! L’adhésion, payable une seule fois, est valable à vie, y compris pour vos descendants (si vous avez l’intention de laisser une trace immortelle dans la postérité).
L’adhésion coûte 100€ tout rond et vous protège universellement et éternellement. Cerise sur le gâteau, vous serez rétribué à chaque diffusion de vos œuvres.
Pour adhérer, il vous faut prouver que vous êtes déjà diffusé. Ce qui était compliqué autrefois devient très simple à l’ère du numérique : apportez simplement une justification d’exploitation (concert, diffusion radio, streaming) de vos œuvres.

Si vous avez une chaîne YouTube, ou si vous avez joué dans une salle de spectacle, c’est bon ! Pas besoin de concours d’entrée ni de fournir de partition comme dans le passé. Alors franchissez le pas, et rejoignez la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique, elle est efficace sur la planète entière, et franchement c’est la plus sérieuse de toutes les plateformes.
On vous dit tout ici !

Pour les réfractaires : aucune protection

Si comme moi vous êtes tétanisé à l’idée de toute démarche administrative, je vous conseille une chose : continuez à chanter quand même ! Le risque de piratage de vos œuvres ne doit pas vous servir de prétexte pour ne pas les diffuser…
…mais bon, pensez quand même à la Sacem !

Les deux gagnants : Sacem et RAR

En résumé, deux solutions sortent du lot.

La solution simple : le RAR

C’est celle qui vous permet, dès aujourd’hui, de protéger votre œuvre en allant simplement à la poste de votre quartier.

La solution pro : la Sacem

C’est celle qui vous fait entrer de plain pied dans le monde des « vrais » auteurs, compositeurs de musique. N’hésitez plus : foncez !

Sortez couvert, et

Vive la chanson !

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19 Commentaires
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Pascal et Mylène

Bon à savoir, merci Denis pour ces informations qui vont droit au but 🙂

La Rousse du Bricolage

Alors normalement j’ai bien tout compris dans ce petit défi d’acronymes :
RAR & SACEM = bien
SNAC(k) et ZiziZic = pas bien
CQFD
OK ?

Olivia

Merci pour cet article. Bien utile, je m’étais intéressé pour protéger mes romans et nouvelles.

Caroline

Merci pour toutes ces infos ! je ne savais pas qu’il y avait autant de possibilités de protèger ses oeuvres !

patricia

Article très informatif sur la protection des chansons ! On y pense pas forcément !

Jackie

Merci pour ton article. Est-ce que l’enveloppe RAR c’est la même chose que l’enveloppe Soleau ?

WoW! Merci beaucoup Denis, jai dévoré l’article ! Je le garde en favori ! Merci de nous avoir défriché le chemin de la reconnaissance artistique, c’est hyper clair
Ok donc c’est Recommandé avec AR ou SACEM. TOP ! 👍🏾

Adriana

Incroyable toutes ces informations. Je connaissais seulement l’INPI.
La blockchain et la BNF ont retenu mon attention, deux façons très différentes de protection d’œuvres.
Enfin, si un jour, je dois protéger une œuvre, j’irai à la poste 😊

Kuniko

Merci pour ton article que j’ai trouvé intéressant même si je n’ai aucune chanson à protéger 😉 Mais cela m’interpelle quand même car je réalise que je dois aussi réfléchir à protéger la création de mes contenus éditoriaux sur mon blog. Quid de la protection des oeuvres réalisées à l’aide de l’IA ?

Kuniko

Oui, merci pour tes réponses, c’est utile ! Et je sais quoi faire si je décide d’écrire une chanson 😉

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