Des idées pour écrire sa chanson… grâce au principe du cerf-volant !
Une histoire vraie
Il y a quelques années, je passais mes vacances au Cap d’Agde. J’adorais… sauf que je m’ennuyais un peu sur la plage. C’est comme ça que j’ai commencé à regarder les cerfs-volants dans le ciel. Ils faisaient des acrobaties incroyables, ça avait l’air si facile ! Alors bien sûr, très vite je n’ai eu qu’un idée en tête : Faire du cerf-volant !
Je me suis donc offert un cerf-volant. Un beau cerf-volant rouge.
Je vous fais grâce des débuts laborieux pour lui faire quitter le sol. Sans les conseils des autres cerf-volistes, je pense qu’il serait encore cloué sur le sable.
Mais grâce à eux, voici mon bel engin dans les airs.
Le figures de base
En cerf-volant, il y a quelques figures de bases : lignes, cercles, carrés… une vraie séance de géométrie !
C’est la combinaison de ces figures, conjuguée à l’imagination du pilote, qui donnent toute la poésie au vol.
Les premiers échecs
Seulement, voilà : très vite, je me suis rendu compte que j’étais loin de maîtriser toutes les dérives de mon aéronef : Au gré des caprices du vent, celui-ci partait de droite et de gauche, au mépris des impulsions que je tentais de lui donner.
Pire encore, il lui arrivait de m’échapper complètement, ma seule figure, du nom de « Mayday », consistant alors à empêcher le crash.
Je précise en plus qu’un cerf-volant, ça se voit de loin.
Donc vos exploits et vos paniques sont exposés à la vue de tous. Et j’avoue m’être parfois senti un peu bête de ne pas être capable de maîtriser mon bel engin.
Quel rapport avec la chanson, me direz-vous ?
Un peu de patience…
Le déclic pour trouver des idées
Un jour, j’ai eu un véritable déclic : si au lieu de tenter de tout contrôler, j’accompagnais les mouvements imprévus du cerf-volant ?
Si au lieu de vouloir lui imposer un enchainement de figures standard, je le suivais dans ses dérives erratiques ?
Si c’était lui au fond qui m’indiquait la direction ; qui proposait ses figures et ses enchainements ?
Apprendre à désapprendre
Il m’a fallu pour cela abandonner toute idée préconçue. Attendre et suivre mon beau cerf-volant.
Me laisser porter par l’air…
Au bout de quelque temps, j’ai su anticiper le frémissement de la tension des fils, annonciateur d’un mouvement encore invisible pour mes yeux.
L’imagination en liberté
Plus besoin de forcer l’imaginaire : les choses se faisaient d’elles-mêmes. Lorsque le cerf-volant partait à droite, j’accentuais son mouvement pour l’amplifier plutôt que de tenter de le stabiliser.
Lorsqu’il y avait une bourrasque, je tirais les fils pour décupler son accélération soudaine.
Quand il y avait un trou d’air, je relâchais tout pour simuler une chute avant de le remonter en rasant le sol.
Mes figures étaient devenus vives, dynamiques et soudaines.
Je suis rapidement passé pour le plus imaginatif des cerf-volistes du secteur. Il n’en était rien : je me contentais de m’oublier et de suivre le vent.
Et quand le vent était calme, je gardais mon cerf-volant le plus statique possible… l’immobilité c’est beau aussi !
Par un effet inattendu, j’ai développé –oserai-je le dire- une relation quasi-charnelle avec mon aéronef.
Et la chanson, dans tout ça ?
Et bien pour l’écriture des paroles, c’est pareil !
Avoir une idée préconçue de ce que l’on veut obtenir est contre-productif et ne mène souvent nulle part.
S’obstiner à toute force à garder le rail que l’on s’est défini ne donnera au mieux qu’une chanson moyenne.
Il ne s’agit pas de perdre le cap, mais de s’autoriser un certain lâcher prise.
Se laisser porter par le vent
Alors pour nous, qu’est-ce que le vent ?
Les idées, bien sûr, mais surtout les mots.
Certains mots, au détour d’une rime, d’une sonorité particulière, vont nous amener là où on ne pensait pas aller, donnant un sens nouveau et imprévu à notre texte.
C’est là qu’il ne faut pas se tromper : accueillir l’imprévu, ne pas rejeter une idée incongrue, mais se demander si elle apporte un éclairage nouveau au texte. L’accueillir comme une chance.
Quitte à l’éliminer plus tard. Plus tard seulement.
C’est ce qui fait toute la différence entre un texte ordinaire et une bonne chanson.
La stratégie du cerf-volant en chanson
Avec la technique du panier de mots*, et celle du panier de rimes*, vous allez trouver des mots et des rimes qui vont vous conduire vers de nouveaux chemins. Explorez-les.
Soit en laissant votre esprit vagabonder dans leur direction.
Soit, plus techniquement, en faisant à partir d’eux de nouveaux paniers d’idées*, paniers de mots*, paniers de rimes*.
*Tous ces concepts seront développés dans mes prochains articles.
C’est ainsi que vous allez créer une nouvelle banque de données de mots, d’idées, de paroles, qui vont nourrir votre chanson.
Et même : il n’est pas rare que ces pistes portent en elles les germes de nouveaux textes.
Pour trouver des idées en chanson
Ne résistez pas
Ne forcez pas
Pensez au cerf-volant.
C’est lui qui vous guide.
mais…
c’est VOUS qui tenez les fils !
Cela signifie que l’artiste, celui qui transforme les caprices du vent en figures esthétiques, c’est bien vous.
Essayez d’appliquer ce principe à votre façon d’écrire, et vous verrez rapidement que vous trouverez des idées plus belles, plus originales, plus novatrices.
Epilogue
A propos, savez-vous pourquoi le cerf-volant s’appelle ainsi ? Cela vient du lucane, un magnifique insecte aujourd’hui quasiment disparu.
Ce coléoptère a de grosses pinces qui rappellent les bois d’un cerf. D’où son nom de « cerf-volant ».
Quand j’étais enfant, mes copains de la campagne les capturaient, attachaient un fil à leur patte et se promenaient avec leur trophée volant. Un jeu à la fois innocent et cruel…
Un beau thème de chanson, non ?
Alors bon vent pour vos créations, et
Vive la Chanson !
Merci pour ce bel article dont je tente déjà de mettre en pratique le contenu… sans le savoir. Dans l’écriture de mes romans, c’est exactement ma méthode, laisser venir, suivre mes personnages… Quel belle image que celle du cerf-volant 🪁
Merci Olivia pour ce gentil commentaire. J’ai hâte de découvrir tes livres. Sans doute la chanson est-elle plus « statique » que le roman, en cela que le sujet est plus resserré. Mais l’imaginaire virevolte dans les deux cas !
Je trouve l’article très intéressant. J’aime particulièrement la prise de conscience dans laquelle tu exprimes « Il m’a fallu pour cela abandonner toute idée préconçue ». Cette étape nécessite une prise de conscience, une volonté comme un apprentissage.
Je relève également que tu invites à « accueillir l’imprévu. » pour ma part, apprendre à accueillir l’imprévu est une ouverture possible vers le succès, la réussite, l’épanouissement. c’est alors que la gratitude trouve en même temps, des racines et des ailes. Ça me donne vraiment l’envie d’écrire un podcast sur ce sujet. Je le mets à l’ordre du jour pour ce vendredi pour mon blog, « heureux au présent »,
Belle journée
Merci Pascal pour ton retour. Je suis touché que mon article t’inspire, alors que nos thèmes de travail sont (un peu) différents, même si j’ai cru comprendre que tu étais un musicien accompli. Je ne manquerai pas d’aller écouter ton podcast !
Tu as fait voleter mon esprit avec ton cerf volant rouge.
C’est grâce à mon ancien travail que j’ai appris ce lâcher prise. Je n’avais pas le choix, je travaillais avec des enfants ! Ils valent bien le vent en terme d’imprévisibilité et d’incontrôlabilité. Mais on peut faire tellement avec eux en se laissant porter par leur impulsion.
En écrivant ce commentaire j’ai pensé à l’expression « suivre le courant », en me demandant si c’était la transposition aquatique de ta métaphore aérienne. Et non, même si se battre contre le courant et les vagues fatigue inutilement, la leçon à en tirer est toute différente.
Merci pour ton commentaire ! En terme d’imprévisibilité et d’incontrôlabilité, le bricolage est plutôt bien placé aussi ! 😀
Il me semble que « suivre le courant » pourrait s’appliquer à la musique là où le courant d’air concerne davantage le texte. Je crois que tu viens de me donner là une belle piste de réflexion ! Merci à toi !
J’adore la métaphore du cerf-volant ! Merci pour cet article. Ton conseil est tout à fait applicable à la peinture également. J’aime particulièrement ta phrase de « l’artiste qui transforme les caprices du vent en figures esthétiques », cela me parle.
Merci Alexandra pour ton témoignage. C’est drôle : autant cette approche m’est naturelle en chanson, autant je n’avais pas songé qu’on pouvait la transposer à la peinture. Tu as raison : le fortuit et l’imprévisible y ont toute leur place !
J’adore la comparaison avec le cerf-volant! Quelle belle idée! Se laisser guider par les mots, comme on se laisse guider par le vent…cela ne peut apporter qu’un vent de fraicheur! 😉
Merci pour ce petit clin d’oeil ! Souvent les mots nous surprennent : les rimes (qui ne sont rien d’autre qu’un processus « mécanique ») amènent avec elles des sens nouveaux qui nous conduisent vers des contrées insoupçonnées… j’adore cette sensation !
Quelle belle analogie du cerf-volant pour le processus d’écriture ! Ça m’a donné une nouvelle perspective sur la créativité. L’idée de laisser le vent guider le cerf-volant, tout en étant celui qui tient les fils, c’est une métaphore puissante pour l’écriture de chansons, et en fait pour le processus créatif tout court je pense. Merci pour cette inspiration !
Merci pour ce gentil commentaire ! Le principe du cerf-volant ne résume pas tout le processus créatif bien sûr. Mais sa particularité est qu’il nous emmène vers des territoires insoupçonnés.
Un de mes articles préférés qui résonne énormément en moi Pour avoir fait du cerf volant par le passé, j’ai retrouvé mes sensations. Le lâcher prise je pense que je l’ai perdu parfois dans ma quête de tout contrôler. Un énorme merci! Je vais reprendre le temps d’écouter mes sensations
Merci Freddy pour ce commentaire très personnel. Je suis ravi que cette expérience fasse écho en toi !
J’ai adoré ton article ! J’ignorais qu’il y avait autant de techniques avec un simple cerf-volant ! J’ai bien aimé aussi l’analogie avec la musique. A présent, lorsque je croiserai un lucane, je saurai que je peux aussi l’appeler cerf-volant. Merci pour ces connaissances !
Grâce à toi je ne perds pas le fil et je reste dans le vent. Un grand merci pour ce texte personnel et pudique très inspirant.
Michel
Merci Michel pour ce commentaire qui prend de la hauteur ! Je réalise en te lisant que si l’on coupe le fil du cerf volant, il ne peut plus voler. Curieux paradoxe !
J’adore cette comparaison que tu viens de faire. Ton article je l’épingle et l’envoie à ma fille qui essaye d’écrire ses chansons
Merci pour ce retour ! A propos de comparaison, je vois que tu as un blog de cuisine. C’est drôle, car c’est souvent à la cuisine que je me réfère lorsque je parle de création de chanson !
J’aime beaucoup cette métaphore du cerf-volant. L’idée de laisser le vent guider ses créations tout en maintenant un contrôle subtil est une approche inspirante qui peut s’appliquer dans de nombreux domaines. Merci pour cet article!
Merci JeanneOO ! Tu as raison : c’est vrai que le principe du cerf-volant peut s’appliquer à de nombreux domaines, et pas seulement artistiques ! Merci pour cet éclairage nouveau !