Ah, la chanson française, cet art mystérieux dont les origines sont aussi nébuleuses qu’un jour de brouillard en Bretagne ! Si l’on chantait déjà au temps des cavernes, de quand date précisément ce qu’on appelle « la chanson » ?
Je vous dis tout dans cet article !
Les premières chansons
Le mot « chanson » fait sa première apparition avec les fameuses chansons de geste. Ces récits héroïques étaient le Netflix de l’époque, narrés par des troubadours sans guitare électrique mais avec beaucoup de passion.
La plus célèbre d’entre elles ? La Chanson de Roland, où l’on trouve de l’épique à revendre… mais de la musique ? Que nenni !
Paroles sans musique
À cette époque, l’écriture existait déjà, mais pour ce qui est de noter la musique, c’était le désert total. Tout se transmettait oralement, un peu comme au jeu du « passe-parole », sauf qu’au lieu de finir en rires gênés, cela finissait en poésie sublime. Nos amis les trouvères et troubadours, ces poètes rockstars du Moyen Âge, ont donc laissé leurs œuvres sans partition. Pas de Spotify pour eux, il fallait attendre que le plain-chant, cet ancêtre de la musique liturgique, mette un peu d’ordre dans tout ça. Et hop, grâce à quelques copistes italiens de génie (merci les gars !), voilà la portée et les fameuses clés d’ut, de fa et de sol. Le début de la vraie musique, en somme.
La musique adoucit les mœurs ? Hum !
Au XIIe siècle, tandis que certains guerroient joyeusement aux croisades, d’autres commencent à savoir écrire la musique. Godefroi de Bouillon, en partance pour Jérusalem, fait composer des « chants d’allégresse ». Autrement dit, des chansons militaires qui mettraient la patate à n’importe quel soldat. Et ça marche, puisque certains nous sont restés : Abi ! (pas l’appli, hein), Amors ?, et Maugré tous saints, entre autres, signés par des poids lourds comme Conon de Béthune et Thibaud de Champagne.
La chanson rebelle
Sous Louis XIII, la chanson devient rebelle, elle se met à parodier la politique et à taper sur le gouvernement comme un tambour pendant une manif. Naissent alors plus de 4 000 « mazarinades », qui ternissent sérieusement la réputation du conseiller de la reine Anne d’Autriche.
À cette époque, la musique des chansons est un peu comme une vieille rengaine : le même air est utilisé à toutes les sauces, un concept qu’on appelait le timbre. Ce système a tellement bien marché que les chansonniers du XIXe siècle l’utilisaient encore pour écrire leurs chefs-d’œuvre, et que les plus fainéants d’entre nous en font encore aujourd’hui des « goguettes ».
Les premiers clubs
Puis, la « vraie » chanson arrive enfin avec l’apparition des « caveaux » et « lices chansonnières », sortes de clubs pour poètes et musiciens, où les paroles et la musique commencent enfin à se tenir la main.
C’est grâce à des figures comme Pierre-Jean de Béranger que la chanson devient enfin originale. Jusque-là, elle était surtout parodique, un peu comme une blague qui circule dans un dîner de famille.
La chanson devient une institution
Tout s’accélère à la fin du XIXe siècle avec la mode des « caf conc’ » (là où l’on venait siroter une boisson tout en écoutant des chanteurs).
Ces établissements lancent des véritables stars comme Paulus, Mayol, Yvette Guilbert, et des monuments comme Maurice Chevalier et Mistinguett.
Des rythmes nouveaux
Après la Première Guerre mondiale, la chanson prend son envol avec des rythmes venus d’ailleurs qui lui donnent un coup de fouet.
Et hop, dans les années 1930, des talents comme Charles Trenet, Mireille, et Jean Nohain modernisent tout ce joyeux bazar, ouvrant la voie à des légendes comme Yves Montand, Édith Piaf et Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud et une foule d’autres artistes.
Voilà pour le « et hop ». Pour le « be-bop », on attendra la Seconde Guerre mondiale !
La chanson à l’Académie Française
Pour autant, jusqu’en 2008, aucun auteur de chansons n’avait jamais été admis à l’Académie Française, et pourtant : de nombreuses chansons, sont entrées de façon définitive dans le folklore français de façon immortelle !
Que ce soient des comptines, des berceuses ou des refrains populaires, ces chansons traversent les époques et bercent nos souvenirs.
Il a fallu attendre le 10 avril 2008 pour voir Jean-Loup Dabadie élevé au rang d’immortel ! Immortalité relative puisque, après son décès, c’est Sylviane Agacinski, philosophe (et accessoirement épouse de Lionel Jospin), qui récupérera son siège en juin 2023.
Il n’y a donc aujourd’hui plus aucun représentant de la chanson à l’Académie Française !
La chanson, témoin de son époque
La chanson a toujours été le miroir des événements marquants de l’Histoire de France : guerres, révolutions, conflits sociaux, découvertes… Elle est un témoin en musique de notre quotidien. Boris Vian le disait bien : « la chanson, c’est un commentaire permanent de l’existence sous toutes ses formes ».
Qui peut penser à la Révolution Française sans fredonner le fameux Ça ira ? Ou à la Commune sans entendre Le Temps des cerises ?
Ces mélodies sont gravées dans nos cœurs, tout comme des chansons plus légères comme Frou-Frou ou Les P’tits Pois qui ont fait la renommée de grands interprètes.
Conclusion
Comment ne pas être amoureux de la chanson ?
La chanson, c’est le plus beau trésor de notre culture ! Un art vraiment populaire, qui s’offre à toutes et à tous, une sorte de street art invisible qui reflète en temps réel l’essence de notre société.
Mais c’est aussi une pause salutaire et harmonieuse dans le brouhaha du quotidien, une parenthèse dans la brutalité de notre quotidien.
Comme disait Goethe : « Arrête-toi où l’on chante car les méchants n’ont point de chansons. »
Et puisqu’en France tout finit par des chansons…
N’arrêtons jamais de chanter !
Vive la Chanson !
Merci Denis pour cet article qui nous ramène vers les prémices de la chanson! Ton article est agréable à lire et j’y ai appris beaucoup 😊
Merci pour ce retour ! Je suis heureux que cet article, qui se veut un tour d’horizon rapide (et forcément incomplet) ai pu t’apporter des informations !
Merci beaucoup pour ton article super documenté sur l’histoire de la chanson française! J’ai adoré la manière dont tu retraces l’évolution de cet art, des chansons de geste aux légendes contemporaines comme Edith Piaf ou Charles Aznavour. Ta passion pour la chanson française est communicative et cet article m’a permis d’en apprendre beaucoup sur cette richesse culturelle.
Il s’agit d’une synthèse concise et très agréable à regarder, avec des illustrations bien choisies.
Merci Denis !
Merci Dieter ! Balayer toute l’histoire de la chanson implique quelques raccourcis ! J’ai essayé de faire court 😀
Je connaissais la Chanson de Roland pour l’avoir étudié en cours de français au lycée, mais effectivement, pas d’instrument ici 😉
Ta réflexion est intéressante également concernant le siège à l’Académie française… Peut-être doit-on en tirer des conclusions sur les priorités nationales ?
Ah flûte, je m’étais promis de ne pas parler politique ! C’est raté 😉
Merci Ana pour ta lecture attentive ! La vocation de l’Académie française étant de « travailler à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de TRAITER LES ARTS et les sciences », on ne peut que regretter que la chanson n’y soit pas représentée ! Je pense que je vais candidater 😉 !
Une très belle synthèse de la chanson française à travers les âges. J’ai appris beaucoup de choses !
Merci Anick pour ce retour 🙂 j’ai essayé d’être concis ! 😉
Merci pour ce véritable voyage dans le temps 🙂 C’est captivant de voir comment chaque époque a laissé son empreinte sur la musique !
Merci pour ton commentaire ! C’est drôle de voir qu’au fil des époques, l’usage « politique » de la chanson a servi des causes très différentes les unes des autres.
la chant unit, le chant guérit et réunit; Ton récit le montre bien!
Merci Aurélie pour ce retour. C’est vrai que la chanson parle directement à nos émotions. En cela elle est un vecteur d’unité.
J’adore l’idée du street art invisible. Ça me donne l’impression qu’on vit entouré d’ondes musicales et qu’on peut découvrir une chanson à chaque coin de rue.
Elle a aussi -tout comme le street art- un côté éphémère qui l’associe à un moment particulier. Ne dit-on pas souvent que c’est la bande-son d’une époque ?
Merci Denis, quel plaisir de lire cet article, un régal à lire et très instructif. bien vu, bravo l’artiste…
Merci Pascal pour ce sympathique retour !
Merci Denis pour cet article sur l’évolution de la chanson. La chanson reste importante que ce soit comptine pour enfant, chanson écrite pour des évènements anniversaire mariage ou récemment pour supporter nos athlètes ! Ma préférée reste la chanson pourrie du matin qui contamine tes proches ou tes collègues.J’ai appris beaucoup sur la naissance des chansons merci
Ha !Ha ! La chanson pourrie du matin, voilà qui est bien peu charitable 😀 ! C’est vrai que les chansons accompagnent notre quotidien et datent nos souvenirs !
Voici un très bel article qui illustre bien mon point de vue qui est que la chanson est un style de littérature populaire …
Merci Eric pour ce retour ! J’ai un article en gestation qui définit le style particulier qu’est la chanson… et tu verras que je la classe à part dans la littérature ! à suivre… 🙂