Sur un n’o- à la volette,
Sur un n’o- à la volette,
Sur un n’o- ran – ger !
Enervant, hein, ces chansons qui se fixent dans notre esprit !
D’autant plus énervant qu’on aimerait bien savoir comment en faire une !
Mais voilà : qu’est-ce qui fait que ça marche, ces chansons toutes simples qui accrochent instantanément, dès la première écoute. ?
Et surtout, comment ‘s’approprier le principe pour en faire nous-mêmes ?
Eh bien ça tombe bien, parce que je vais tout vous dire ! Et vous allez voir, cela relève autant de la science cognitive que de l’art d’écrire.
Je vais même vous donner pour chaque concept abordé un exemple concret qui permet de bien comprendre, et vous verrez, c’est très simple !
Décryptons ensemble les mécanismes et les techniques pour y parvenir.
1. POURQUOI une chanson reste en tête ?
En psychologie cognitive, on appelle cela le « ver d’oreille« .
C’est en réalité une traduction approximative de l’allemand ohr-worm : « perce-oreille » (ou earworm pour les anglophones qui se la pètent).
Ce joli mot désigne le phénomène qui fait qu’une mélodie tourne en boucle dans notre esprit, parfois de manière persistante… et énervante !
Ce processus implique toujours les quatre mêmes éléments :

1.1 La répétition
Notre cerveau adore les schémas répétitifs.
Plus une phrase ou une mélodie est répétée, plus elle a de chances de s’y ancrer.
Je vous en parle souvent, et les exemples ne manquent pas en chanson !
1.2 La simplicité
Les structures mélodiques simples et prévisibles se fixent plus facilement dans notre mémoire.
1.3 L’incongruité légère
Hop, là ! Une petite surprise (rythmique, harmonique ou textuelle) va attirer l’attention sans créer de rupture.
Et, ça, nos neurones adoooorent !
Sans aller jusqu’à la fameuse coupure de son du génial Philippe Katerine, on pourrait citer le « tellement si belle » des « Yeux revolver » ou le mystérieux « MIA » de IAM.
1.4 L’association émotionnelle
C’est le coeur qui est visé !
Une chanson qui nous touche émotionnellement va se fixer bien plus facilement dans notre psychisme.
Ne dit-on pas « connaître par coeur » ?
Oserai-je le dire ? Avec « La vie en rose », je pleure à chaque fois… quel bel exemple !
Tous ces éléments activent des zones du cerveau liées à la mémoire, à l’émotion et au plaisir.
C’est le cocktail parfait pour laisser instantanément une empreinte durable.
A vous de jouer maintenant : je vous explique comment mettre en place ces principes dans vos propres chansons.
2. PAROLES : écrire un texte accrocheur
Pour que votre texte de chanson reste en tête, il doit avant tout être clair, cohérent et porteur d’un motif mémorable.
Houlà, compliqué tout ça ! Eh bien pas du tout !
Il faut juste utiliser les quatre ingrédients suivants.
2.1 Une accroche forte
Identifiez une phrase clé (souvent le titre) qui résume le propos de la chanson. Ou même un simple mot parfois !
Comme toujours, faites simple !
Un petit gimmick rythmé et le tour est joué !
Exemple : D.I.S.C.O. ! On a tout compris !
2.2 La répétition maîtrisée
La répétition, encore et encore !
N’ayez pas peur de répéter votre accroche, surtout dans le refrain.
Et si vous variez légèrement l’intonation ou le contexte pour éviter la monotonie, c’est encore mieux !
2.3 Des images concrètes
Ne vous lancez pas dans de grandes généralités, restez simple et concret !
Plus votre texte évoque des images précises, plus il s’imprimera facilement dans l’esprit de l’auditeur.
2.4 Une structure limpide
Couplets/refrain/pont doivent être identifiables et bien différenciés, pour guider l’auditeur dans un parcours clair.
Allez, une fois n’est pas coutume, je vous mets un contre-exemple en illustration. Et en plus ça n’est même pas en français !
3. MUSIQUE : ce qui s’imprime dans l’oreille
Côté mélodie et harmonie, certains choix vont tout de suite marquer vos auditeurs :
3.1 Des motifs mélodiques courts et répétitifs
Pensez aux « gimmcks vocaux » ou aux lignes mélodiques qui tournent en boucle.
L’exemple ci-contre, s’il n’est pas du meilleur goût, est sans doute le plus représentatif ! Hum Goldman est dans la place !
3.2 Un contour mélodique en arche
Heu kézako ?
C’est tout simplement une montée… puis une descente !
Ce type de forme est intuitivement facile à chanter et mémoriser, que ce soit dans un stade ou sous la douche !
Allez, on prend toujours un risque à mettre Sardou en avant, mais quel meilleur exemple que le refrain de « Je vais t’aimer », composé par le grand Jacques Revaux ?
3.3 Un rythme marqué et régulier
Des phrases rythmiques bien cadencées permettent au corps de suivre et à l’oreille de retenir.
A se demander même si ça transite par le cerveau !
3.4 Une harmonie accessible
Les suites d’accords simples (I-V-vi-IV par exemple) sont plus faciles à assimiler, même par des non-musiciens.
Bien spur vous pouvez jouer avec les « tensions » pour rendre votre opus un peu surprenant, mais ne partez pas sur quelque chose de trop original : L’auditeur doit se sentir « chez lui » !
C’est comme ça qu’une chanson intimiste de Jo Dassin devient un hymne chanté à l’unisson dans les stades !
3.5 Un arrangement épuré
Moins il y a d’éléments parasites, plus la mélodie ressort. C’est aussi simple que cela !
Le minimalisme est donc votre meilleur ami.
4. LES ASTUCES qui font la différence
4.1 Testez votre chanson en acoustique
Si elle fonctionne déjà à la guitare ou au piano/voix, sans arrangement, elle a de grandes chances d’être solide.
4.2 Faites chanter le refrain à un proche
Après une ou deux écoutes, demandez à vos amis (votre premier auditoire) de chanter votre thème : S’ils s’en souviennent directement, c’est très bon signe !
S’ils « l’écorchent », ce n’est pas eux qu’il faut reprendre, mais votre musique : revisitez votre oeuvre pour la rendre conforme à ce qu’eux ont entendu !
4.3 Attention à l’effet de saturation
Toutes ces astuces, c’est bien joli, mais point trop n’en faut !
Une chanson trop répétitive ou trop insistante peut vite devenir agaçante.
Restez vous-mêmes ! l’équilibre est clé.
Pour en savoir plus sur les vers d’oreilles, je vous propose d’aller lire cet article facile et rapide à lire sur le site de Radio-France : « Quand une mélodie nous obsède : qu’est-ce qu’un ver d’oreille ? »
En conclusion
Écrire une chanson qui reste en tête, ça n’est pas une question de chance !
C’est juste une question de dosage entre mécanismes cognitifs, choix artistiques et cohérence d’ensemble.
Il suffit de comprendre -un peu- comment fonctionne la mémoire auditive et d’appliquer des techniques simples, tout en restant soi-même, et…
…le ver d’oreille vous tend les bras !
Alors, à vos LombriComposts, et
Vive la Chanson !
J’adore cette approche !
Merci pour tous ces conseils précieux qui donnent envie de mettre des vers dans pleins d’oreilles!!! 🎶
Merci Marie ! Je n’avais pas réalisé, mais les vers dont nous parlons pourraient bien être ceux de la poésie ! Alors je suis d’accord !
Comme toutes les recettes bien conçues, cela semble si simple, de créer une chanson entêtante ! Allez, c’est décidé, je vais en écrire une. Merci pour l’impulsion et le pas-à-pas !
Wouah ! Alors Eva Lee, c’est officiel : on veut entendre le résultat ! 😉
Ah mais oui, j’ai adoré ton article ! Il met pile le doigt sur ce qu’on ressent tous : ces chansons qui restent dans la tête sans prévenir. Tu expliques super bien ce qui fait qu’un refrain marque les esprits, et j’ai particulièrement aimé l’idée de jouer sur la simplicité et la répétition. C’est fluide, clair, et très inspirant pour celles et ceux qui écrivent. Merci pour ce partage très concret, qui donne envie de passer à l’action 🎶😊
Merci Miren ! Faire des chansons qui s’incrustent, c’est simple ! La plupart des auteurs débutants (mais pas que!) se compliquent beaucoup la vie pour un résultat décevant !
J’ai accompagné des compositeurs et musiciens dans leurs projets, sans être musicienne moi-même, simplement parce que j’ai une écoute sensorielle, « physiologique ». Ces professionnels m’ont toujours dit que cette sensibilité rendait mes retours justes et pertinents, tant sur le rythme que les paroles. Je ne peux que que confirmer donc ce que tu affirmes dans ton article.
Je crois que tu as tout dit : c’est l’écoute « sensorielle » qui fait tout, et qui nous dit si nous sommes dans le vrai ou si nous faisons fausse route. La technique n’est qu’un outil !
Super article ! C’est à la fois instructif et très agréable à lire.
J’ai particulièrement aimé les exemples concrets à chaque étape — on comprend tout de suite comment ça marche dans la tête… et dans l’oreille 😄
Merci pour le partage !
Merci Stéphanie ! Les exemples sont en fait faciles à trouver, et pour cause : de nombreux tubes respectent ces quelques règles ! 😉
Merci pour cet article très instructif ! J’ai particulièrement apprécié votre explication du phénomène du « ver d’oreille » et l’importance de la répétition et de la simplicité dans la création d’une chanson mémorable 🙂
Merci pour votre message. C’est vrai : répétition et simplicité sont les deux clés d’un bonne chanson.
Ahhhh, si seulement ton prochain article pouvait être sur comment se défaire de ces vers d’oreille !!
Les comptines pour enfants ont beaucoup à nous apprendre sur le sujet, et il m’est arrivé plus d’une fois de partir au travail avec « Ich habe einen kleinen Papagei » en tête… Merci à mes filles !!
Ha ! Ha! J’ai longtemps dirigé une chorale de maternelle, alors ta détresse me parle ! On va monter un groupe de contre-attaque ! 😀
Merci pour cet article inspirant. J’ai quelques composition que j’ espère pourvoir arranger bientôt. Je crois qu’il y en a au moins une qui colle à aux principes évoqués dans ton article. Je les réviserais toutes sous cet angle pour vérifier. Encore merci
Merci pour ton enthousiasme ! Je suis ravi d’avoir pu te fournir quelques pistes !
Super ! Belle méthode pour composer notre futur vers d’oreille !
En ce moment nos petits sont fans et chantent à tue-tête le titre APT de Rosé et Bruno Mars … et il me reste dans la tête Je comprends pourquoi grâce à ton article, merci ! 😉😅
Merci Line pour ton commentaire ! Tant qu’à avoir un ver d’oreille, autant le choisir avec un bon pedigree ! 😉