Quand on commence à écrire des chansons, on a toujours envie ressembler à ceux qu’on admire. Mais voilà : écrire comme Brel, Brel l’a déjà fait.
Or vous, vous êtes vous. Et ça c’est une vraie chance !
Parce que votre singularité, c’est votre force! Et on va la retrouver dans votre style !
Le style d’écriture est bien plus qu’une manière de tourner les phrases : c’est la façon dont vous regardez le monde et dont vous le rendez chantable.
Le style d’écriture, c’est quoi ?
On va commencer par ce que ce n’est PAS !
Le style, ce n’est pas le genre : rock, folk, slam, que sais_je…
Ce n’est pas non plus le thème : l’amour, l’exil, la métaphysique ou le camping…
Non.
Le style, c’est la manière.
C’est la patte.
Le choix des mots, des images, du rythme verbal…
Le type de vocabulaire ou de niveau de langue…
Le style, c’est votre personnalité qui s’exprime à travers la « musique des mots ».

On peut écrire une chanson d’amour avec lyrisme ou dérision, avec délicatesse ou cruditude.
Qu’importe…
C’est le style qui fait la différence.
Et vous, votre style, c’est quoi ?
Les différents styles d’écriture
Allez, comme d’hab’, on va faire hurler les puristes, parce qu’on va faire simple pour bien comprendre !
Voici, un peu à la louche, quelques styles d’écriture parmi les plus représentatifs.
Le style poétique et évocateur
C’est celui des images, des métaphores, de la beauté formelle. Il invite à l’interprétation.
On se lâche avec élégance, en autorisant son esprit à vagabonder.
Comme par exemple Barbara (« L’aigle noir »), Alain Bashung (« Madame Rêve »), Julien Clerc (« Femmes, je vous aime »)…
Le style brut et direct
Ici, pas de fioritures : on va droit au but. C’est la sincérité directe qui prime, voire la familiarité.
Une façon de nous interpeller sans aucun filtre.
Comme par exemple Renaud (« Manu »), Bénabar (« Le dîner »), Grand Corps Malade (« Romance sans paroles »)…
Le style littéraire
A l’opposé du précédent, le style littéraire nous propose une approche plus réfléchie. Inspiré de la prose ou de la grande poésie. Il joue avec les registres, les références, les allusions.
Un truc d’intello, quoi !
Comme par exemple Léo Ferré (« Avec le temps »), Dominique A (« Le courage des oiseaux »), Jeanne Cherhal (« Un couple normal »)…
Le style humoristique ou ironique
Attention, ce n’est pas la grosse rigolade de fin de soirée ! Léger mais pas aussi simpliste qu’il en a l’air, l’humour cache bien son jeu.
Car il est souvent un masque… ou une arme !
Comme par exemples Oldelaf (« La tristitude »), Vincent Delerm (« Tes parents »), Philippe Katerine (« Louxor j’adore »)…
Le style incisif et rythmé
Il nous envoie des flashes et des impulsions, mais il fait bien plus que nous inviter à danser !
Le style incisif délivre souvent des messages forts.
Son écriture rythmée, souvent ancrée dans l’urgence ou la colère porte en elle une énergie qui peut être celle du désespoir.
Comme par exemple Oxmo Puccino (« L’enfant seul »), Stromae (« Formidable »), Anne Sylvestre (« Une sorcière comme les autres »)…
Le style minimaliste
Moins, c’est mieux.
Quelques mots suffisent parfois à porter de grandes idées.
Le minimalisme joue avec le non-dit, les silences, ou les redites assumées.
Un travail délicat et souvent sous-estimé.
Comme par exemple Francis Cabrel (« Je t’aimais, je t’aime, je t’aimerai »), Pomme (« Grandiose »), Souchon (« Allô maman bobo »)…
Le style, ça fait tout !
Le style, c’est ce qui définit l’artiste.
On l’a bien compris, mais nous, qu’est-ce qu’on fait avec ça maintenant ?
Eh bien bonne nouvelle : votre style, vous l’avez déjà ! Et DU style, vous en aurez bientôt !
Et pas besoin de prouesses techniques pour cela !
Parce qu’une chanson, ce n’est pas une démonstration : c’est un lien.
On l’a compris, ce n’est pas la perfection technique qui touche le public ! Non.
C’est une façon d’écrire singulière, une voix reconnaissable, bref, c’est votre signature.
Alors, que vous le vouliez ou non, vous allez l’assumer. Et donc le travailler.
Car oui, le style se peaufine. Peu à peu, en écrivant. En écrivant encore et encore.
En relisant, en écoutant, en modifiant, en coupant, en affinant.

Bref, en osant créer. Alors OSEZ !
Les pièges à éviter
Avant toute chose, il convient d’éviter les trois principaux pièges qui nous guettent tous.
- Imiter.
Tout le monde est d’accord : Brassens, c’est génial, et ça le restera toujours !
Alors pourquoi ne pas faire « à la façon de… » ?
Mais voilà : écrire en 2025 comme en 1955, hum… ça sent le réchauffé et le manque de personnalité !
Donc on garde le Grand Georges pour nos soirées au coin du feu, et nous, on fait nos propres chansons ! - En faire trop.
On a toujours envie d’en faire des tonnes !
Mais l’élégance, ça n’est pas la démonstration : c’est plutôt savoir viser juste !
Alors on laisse de côté l’étalage de confiture pour les petits déjeuners dominicaux, et on affine son viseur.
Travailleur oui, besogneux non. - Croire qu’il faut « faire comme » pour être pris au sérieux.
Votre style, c’est votre style ! Combien de fois ai-je entendu « ah lui, on dirait du Souchon » ou « C’est un peu comme Cabrel ».
Qu’elles soient positif ou négatif ces remarques ne doivent pas nous influencer.
Pas besoin de validation extérieure : votre style n’appartient qu’à vous. Il existe et c’est tout!
Et s’il est encore imparfait, c’est qu’il vous faut encore l’affiner, tout simplement !

A propos d’affiner, si on se mettait un peu au travail pour finir ?
À vous de jouer ! le 3×3
Pour ce petit jeu, vous allez choisir un thème.
Mais attention : pas n’importe quel thème : n’importe quel thème !
Mais qu’est-ce qu’il dit ?
Je vous demade de choisir un thème banal. Donc pas un grand sujet de société !
Hein ?!? Un thème BANAL ? Mais pourquoi banal ?
Parce qu’on va tester plusieurs styles d’écriture, et que la banalité du thème permettra de ne rien induire au départ !
Ce n’est pas lui qui va vous piéger, mais vous qui allez jouer avec lui.
Ne vous lancez donc pas dans un « grand thème », faites simple : le café du matin, un trajet en bus, une pluie fine…
Vous l’avez ? Bien. Alors à vos stylos!
Sur le thème choisi,
écrivez 3 fois 3 vers dans 3 styles différents :
- Poétique : avec images, rimes, et musicalité.
- Brut : en langage parlé, sans enjolivement.
- Ironique : avec humour ou décalage.

Faites un petit tercet dans chacun des styles. Vous pouvez même le publier en commentaire.
Puis comparez les effets. Lequel vous correspond le mieux ? Lequel vous donne envie d’aller plus loin ?
Vous êtes-vous découvert des qualités que vous ne vous connaissiez pas encore ?
En conclusion : cultivez votre différence
Votre style d’écriture n’est ni un bagage ni un diplôme : c’est une aventure !
Il évolue, se déploie, s’affine. Et surtout : il vous ressemble !
Alors ne cherchez pas à être dans la norme : soyez dans votre norme.
C’est là que votre voix se déploie, et que vos chansons deviennent inimitables.
Et si vous voulez vraiment changer quelque chose, c’est simple :
Restez vous-même… en mieux !

Bonne écriture, avec style bien sûr, et
Vive la Chanson !
Super instructif, je dirais que pour ma part je préfère largement le style poétique , ou minimalisme, mais après c’est aussi le texte , ce qui me parle et me fait ressentir du vécu!
Eh bien je crois que tu as tout dit : c’est l’émotion qui prime, la sensation, la connexion… le reste n’est que de la technique… et donc un peu de travail !
Superbe panel, très clair et explicite! Perso, je suis plus à l’aise pour écrire avec un style minimaliste, poétique et décalé.
Merci pour ton commentaire ! Souvent, notre style s’impose à nous. Ce qui compte, c’est de nager dans le sens du courant 🙂
Si je comprends bien, c’est un peu comme le style vestimentaire, il faut commencer par avoir conscience des différents styles existants pour définir le sien. Le style évocateur et poétique m’intimide mais me semble être le must du must (mais m’intimide). Je dirais que mon style est plutôt minimaliste/littéraire/bricolé/pastiches. C’est parti pour l’écriture en 3 styles différents pour mon vers d’oreille en cours !
Merci Eva pour ton commentaire truculent ! Je ne suis pas inquiet concernant ton style : il est déjà bien présent et personnel, et me fait sourire à chaque fois ! 🙂
Est-ce qu’il y a un guide pour savoir ce qu’on préfère ou n’y a-t-il pas de règle ? C’est sympa de lire cet article pour comprendre aussi pourquoi on est plus naturellement attiré vers tel ou tel artiste ! Merci pour ce partage hyper éclairant
Je crois que la seule règle, c’est de nager dans le sens du courant, sans vouloir intellectualiser. On n’a même pas besoin selon moi de savoir précisément où l’on met les pieds, ni dans quelle case on entre. Il suffit d’être soi !