L’écriture thérapeutique, vous connaissez ? Ce fameux petit carnet où l’on couche ses états d’âme, ses colères, ses blessures ou ses joies pour se sentir plus léger.
Un carnet avez-vous dit ? Ca ne vous rappelle pas quelque chose ?
Ouiii ! La chanson, bien sûr ! D’ailleurs, elle aussi vous libère !
Alors, écriture thérapeutique et chanson, c’est la même chose ?
Eh bien OUI ! Mais pas que !
Parce qu’avec la chanson, comme dirait France Gall, il y a un tout petit supplément d’âme : elle fait danser les mots sur une mélodie, et elle se partage. Bref, une thérapie avec un joli refrain.
1. Se libérer en choisissant un thème
Si vous êtes comme moi, vous avez sans doute un « tracassin » en ce moment même.
Une pensée qui vous pèse ou qui vous obsède…
Moi, j’en ai toujours une en tête… et vous ?
- Un sujet de société qui vous agace ?
- Une blessure intime que vous traînez comme un vieux sac à dos ?
- Une histoire qui vous a marqué ?
- Voire même une de ces pulsions inavouables dont vous n’osez pas parler…
Écrire une chanson, c’est comme ouvrir une soupape : vous transformez ce trop-plein en art.
Et même : si un thème est trop lourd, vous pouvez aussi choisir la légèreté, l’absurde.
On verra ça plus loin dans l’article.
2. Se libérer en jouant des notes
Laissez courir vos doigts sur votre guitare ou votre un piano. Sans jouer une partition ni une chanson.
Non : juste comme ça, sans objectif précis.
Au bout d’un moment, il va se passer un truc étonnant : une petite suite de notes viendra d’elle-même. C’est magique.
Cette errance musicale, c’est en soi une forme de méditation : vous ne reproduisez pas, vous n’analysez pas, vous ne « cherchez » même pas : vous ressentez.
Et quand une mélodie pointe le bout de son nez (souvent quand vous ne l’attendez pas), vous vous dites : « Tiens, c’est sorti de moi, ça ? ».
C’est valorisant, et ça donne envie de continuer.
Car il faudra ensuite structurer, organiser, arranger… mais ça, c’est déjà la suite de l’histoire !
3. Se libérer en chantant
Écrire, composer, c’est déjà formidable en terme de libération mentale.
Mais chanter, c’est autre chose : c’est une libération physique !
Respirer profondément, faire vibrer vos cordes vocales, lâcher un cri ou un murmure…
Cela fait du bien au corps, vraiment !
Chanter sous la douche, déjà, cela fait du bien.
Et c’est utile! Car pour nous, c’est une façon de répéter et d’affiner notre chanson.
Mais on va aller plus loin, bien sûr !
Chanter devant un public, cela demande un peu d’engagement, mais c’est essentiel !
Alors, on prend son courage à deux mains et on chante sa chanson à un public !
Attention, pas l’Olympia ! Juste quelques proches.
Pour offrir un partage, et surtout : pour avoir un retour.n
Chanter « en vrai »!
L’étape suivante sera de la chanter devant un public « officiel », lors d’une scène ouverte, par exemple.
Et vous savez quoi ? Le public chanson est toujours bienveillant. Il vient pour écouter, pas pour juger. Vous offrez un peu de vous, il vous renvoie de la chaleur. C’est du bien-être pur !
Pour vous sentir à l’aise avant de chanter devant vos proches :
Précisez leur une chose importante : votre chanson ne parle pas de vous ! C’est en tout cas ce que vous leur direz pour préserver votre « jardin secret ».
Car votre chanson reste une extrapolation, une oeuvre fictionnelle, même si c’est vous qui l’avez créée. Qu’ils n’aillent pas imaginer qu’ils ont mis la main sur le livret intime d’un sociopathe !
4. La spécificité de la chanson
Vous l’avez compris : la chanson peut constituer une forme d’écriture thérapeutique… mais avec une grosse nuance !
Une chanson, c’est fait pour être dévoilé aux autres !
Alors, comment éviter la sensation de se mettre totalement à nu ?
La réponse est : grâce à la technique.
Donner une universalité au propos
- Première règle : se décentrer
Les problématiques que vous abordez dans vos écrits, vous n’êtes pas seul à les connaître !
.En les formulant avec un peu de recul, vous toucherez aussi ceux qui se reconnaissent en vous.
Choisir le bon angle
- Deuxième règle : bien se positionner
Dans un carnet intime, vous parlez de vous. Et donc vous utilisez le « je ». Normal.
Mais en chanson, on évitera de tout formuler à la première personne !
Inventez un personnage, racontez une petite histoire, trouvez une image. C’est plus élégant, et paradoxalement… cela touche plus juste !
Faire simple
- Troisième règle : rester « focus »
Une chanson = une problématique.
Vous avez dix problématiques ? Parfait !
Vous ferez donc… dix chansons !
Vos pires galères deviennent un trésor créatif !
Elle est pas belle la vie quand elle est moche ?
5. À vous de jouer
C’est le moment de vérifier que tout cela fonctionne !
Voici comment concrètement vous allez pouvoir vous y prendre.
Une feuille, un stylo et on attaque ! Allez chercher tout ça, je vous attends ici.

C’est bon, vous y êtes ?
Je vous propose quatre étapes courtes :
1. Sur votre feuille, notez trois problématiques qui vous occupent l’esprit
2. Choisissez-en une, et développez en quelques mots
3. Décidez d’un angle (personnage, histoire, image…)
4. Vous y êtes : développez en quelques mots :
– que dira le refrain (l’idée forte) ?
– que raconteront chacun des 3 couplets ?
Et voilà : vous avez déjà le squelette d’une chanson !
Ah ! J’allais oublier la cinquième étape : partagez votre idée en commentaire.
Ici, pas de stress : personne ne vous juge, tout le monde est là pour créer.
Conclusion
Alors, écriture thérapeutique et chanson, deux mondes séparés ? Pas vraiment !
La chanson, c’est l’écriture thérapeutique, avec une guitare en plus !
Ecoutez donc la recette de Gotainer, qui a tout compris !
C’est écrire pour soi, mais aussi pour les autres.
Et c’est là que réside sa force : vous vous libérez… et vous libérez peut-être aussi quelqu’un d’autre en vous écoutant, alors…
Vivement le prochain coup de blues !
Vive l’écriture thérapeutique, et
Vive la Chanson !
C’est un article d’une grande justesse. Écrire sur son problème permet de l’analyser, et peu à peu, les solutions émergent. En même temps, l’esprit reste occupé et concentré, ce qui aide à ne pas se laisser submerger par la douleur du ressenti.
Tu as raison. En chanson, le piège dans lequel tombent de nombreux novices est de rester centrés sur eux-mêmes, ce qui fait que leur chanson reste hermétique pour l’auditeur. C’est (entre autres) pour dépasser cela que l’Académie de la Chanson existe ! 🙂
J’aime beaucoup la façon dont tu rapproches l’écriture thérapeutique de la chanson : ça rend l’idée accessible et inspirante. Les conseils pour transformer ses « tracassins » en couplets sont clairs et motivants. Merci pour cet article !
Merci pour ce retour ! Ensuite, il reste une part non négligeable du chemin : le travail. Ca tombe bien, c’est pour ça qu’on est là 😉
J’ai adoré cette idée que “la chanson, c’est l’écriture thérapeutique, avec une guitare en plus” 😃une belle alchimie entre libération et partage.
C’est tout à fait cela : il faut également ajouter une petite pincée de travail 😉
Ecrire pour soulager ses maux…quel excellent remède (et pas cher!) Je l’avoue que je l’ai utilisé régulièrement! Aujourd’hui, je n’utilise plus beaucoup l’écriture comme remède même si l’écriture fait partie intégrante de ma vie. Mes textes sont toujours restés à l’état de « texte », ils n’ont pas franchi l’étape de mise en musique…je devrais peut-être me repencher sur cette idée!
Mettre ses textes en musique n’est pas forcément une étape très difficile : avec la technique des « pommes », c’est même (au sens propre) un jeu d’enfant ! Tu peux aller vois nos articles sur ce sujet 🙂 Tiens-nous au courant !
Super clair ton article. Tu dis que l’écriture thérapeutique libère mais sans forme, tandis que la chanson structure pour toucher quelqu’un d’autre. Ça m’évoque direct le galdr dans les chants nordiques: chanter pour que ça résonne. Entre libération et transmission, c’est exactement ce couloir que tu décris. Merci pour cette mise en lumière, c’est une image qui va me rester!
Merci pour ton éclairage ! Et comme tu le sous-entends, les deux sont liés : il faut livrer une part de soi pour toucher autrui, tout en restant ouvert pour qu’il se sente concerné. C’est tout un art !
Merci beaucoup pour cet article à 360°, qui traite la question dans sa globalité !
Quand on prend son carnet, sa guitare et son coup de blues, on n’imagine pas que le premier degré auto-centré ne va apaiser personne, ni soi ni les auditeurs 😁. Ton article est génial et fera gagner du temps aux auteurs.
De ce point de vue la chanson d’Anne Sylvestre m’épate et me touche, ce mélange de confession brute et de virtuosité technique. Une découverte qui fera ma journée !
Merci Eva pour ton enthousiasme, et bravo d’avoir attrapé la guitare… la fidèle compagne des bons et des mauvais jours ! Et tu as raison : pas mal d’auteurs imaginent que la chanson n’exige pas de travail dès lors qu’on a quelque chose de fort à exprimer ! Décidément, on n’a pas des vies faciles 😀
Merci pour ces précieux conseil. Moi-même qui compose à mes heures, quand la muse fais son apparition, je trouve que tu donne des clés pour être plus proactif et méthodique dans l’écriture. Merci pour ce beau cadeau
Si de nombreuses personnes pratiquent l’écriture de chanson, c’est assez difficile de trouver des pistes techniques qui aident à se perfectionner. Et c’est pour ça qu’on est là ! 🙂
Je suis déjà une convaincue de l’écriture thérapeutique, de l’écriture intuitive. Et comme toi, je fais partie des gens qui ont souvent un tracassin en toile de fond (je ne connaissais pas ce mot, tracassin ^^). Mais j’avoue que je n’ai jamais essayé d’associer le chant à cette pratique de l’écriture. J’adore chanter, il faudrait que j’essaie ça, mais j’ai bien peur de perdre en discrétion =P
Même si je ne prends pas de les écrire en chanson, je chante mes tracas et mes douleurs et plus je pars loin dans l’interprétation, plus j’arrive à me faire rire. C’est ma thérapie quotidienne.
Je n’y avais pas pensé, mais il est vrai qu’en chanson, il vaut mieux éviter un texte à la première personne commençant par « je », même si le contenu et les émotions sont personnels.
Il y a parfois des détails techniques qui nous échappent, mais qui se révèlent essentiels.
Merci pour cet article inspirant.
Comment relier l’écriture introspective et la chanson sans jamais tomber dans l’excès d’émotion brute? J’aime beaucoup ton approche très concrète pour y répondre car elle aide à canaliser ses idées un peu chaotiques en posant un cadre, choisir un angle, imaginer une voix autre que la sienne… c’est puissant ! Merci pour cette méthode qui donne envie d’écrire autrement, mais pas moins sincèrement 🙂 Et puis j’adore le fait de jeter un regard différent sur des chansons qu’on redécouvre !